jeudi 22 octobre 2015

2015 Sur les pas des Hugeunots à travers la Savoie et la Haute Savoie



 

 jochen sicars
2015 Sur les pas des Huguenots, à travers la Savoie (Chautagne) et la Haute-Savoie

Dernière étape française du Sentier des Huguenots en France. Comme l’année dernière, nous avons planifié cette randonnée avec l’aide de notre tour-opérateur PEDESTRIA. Le circuit a été établi et décrit en détail, les hébergements à l’hôtel 2 étoiles ou en bonne chambre d’hôtes sont réservés et nos bagages seront transportés d’un endroit à l’autre, à part ce que nous portons sur le dos pour la journée. L’aventure dans un fauteuil, en quelque sorte...
Il est certain qu’après Chambéry, but de notre dernière étape l'an dernier, il aurait été intéressant de commencer cette année notre randonnée dès la pointe sud du Lac du Bourget et de suivre tranquillement la rive du lac. Pourtant, au moment de faire le planning pour cette année – que les Réformés me pardonnent ! – Satan, le prince des ténèbres, s’était déjà glissé dans mes rêves et m’avait suggéré comme prélude, au lieu de marcher sur la piste goudronnée qui longe le lac, de faire une confortable excursion en bateau, par exemple à l’Abbaye d'Hautecombe, de prendre le Canal de Savières pour voir Lavours, en bordure du Rhône, avec sa cuivrerie, ou le moulin à huile de Chanaz. Je n’ai pas vraiment hésité à succomber à ses insinuations ; la décision en faveur de Lavours coïncidait avec le début de notre semaine de randonnée et l’indicateur de la Compagnie des Bateaux du Lac. Comme je le constaterai plus tard, mon ami Rainer succomba lui aussi aux flatteries de Lucifer sans grosse opposition perceptible. 


Mardi 22 septembre 2015 – Nuages et soleil alternés, plus tard légère pluie
Arrivée sur place et excursion sur le lac
Nous sommes donc arrivés à Aix-les-Bains le mardi 22 septembre au matin, par le train – Rainer en
provenance de Zurich et moi de Dieulefit. Après avoir déposé nos bagages à l’Hôtel Cecil (2 étoiles, simple mais bien placé et surtout, un propriétaire « craquant ») nous sommes vite descendus au môle pour ne pas louper le départ de notre excursion à 14 h 30. De l’hôtel proche de la gare jusqu’au « Grand Port », il a bien trois kilomètres.


Notre sympathique hôtelier nous a offert gratuitement des tickets de car, et bien entendu nous arrivons trop tôt. Il nous reste suffisamment de temps pour une promenade à travers le port et pour manger une – horrible – pizza (Rainer avec sa salade a nettement gagné le gros lot), puis la billetterie du port ouvre ses portes. Compte tenu de la cinquantaine de candidats au voyage, la Compagnie des Bateaux opte pour un bateau de taille moyenne et c’est parti ! Aix se trouve à mi-hauteur du Lac du Bourget, le bateau met le cap sur l’entrée du Canal de Savières et pendant tout le trajet, le capitaine nous livre tout ce qu’il sait sur Aix, sur le lac et ses habitants et sur notre destination.



Carte du dépliant de la ville d'Aix-les-Bains

À ses débuts, Aix n’était donc qu’un village sur pilotis en bordure du lac. Ses bains de soufre et d’alun, dont les Romains faisaient déjà l’éloge, auraient également amené Henri IV à dire, lors d’une de ses incursions conquérantes, qu’il n'avait jamais pris de meilleur bain ailleurs (ce qu'il fit alors devant toute sa suite rassemblée). À cette époque pourtant, après avoir été utilisés comme carrière de pierres pendant les temps obscurs qui ont suivi l’époque romaine, les thermes étaient déjà dans un état bien peu glorieux. Tout cela, nous l’apprenons pendant que le moteur diesel du bateau vrombit sous nos pieds. Avant déjà, ce furent les princes, Charlemagne, les rois de Provence et plus tard ceux de Bourgogne, qui surent apprécier les thermes de ce lieu. Et pour finir, il faut encore évoquer la période faste de la ville à la Belle Époque et encore jusqu’à la moitié du XXe siècle, quand Aix était l’un des lieux de villégiature les plus fréquentés de la noblesse et de la haute société de l'époque.




En route vers le canal de Savières
 
On nous dit que le lac contient encore pas mal de poissons et que seuls quelques pêcheurs ont le droit d’y pêcher et de vendre leurs butins aux hôtels et aux marchés environnants. Plus tard, dans notre deuxième auberge, nous aurons le plaisir d’en découvrir un sous forme fumée – un vrai régal.






L'Abbaye d'Hautecombe

Au bout d’une heure environ, nous passons devant l’Abbaye d’Hautecombe, une ancienne abbaye cistercienne et plus tard bénédictine, connue pour être la nécropole de la Maison de Savoie (comtes, ducs) jusqu’à la Révolution et plus tard de dynasties royales. Après les destructions de la Révolution et la restauration qui a suivi, c'est désormais un superbe édifice de style néogothique.



Un bâteau à aubes rétro "Missisippi"

L’entrée du Canal de Savières se montre au tout dernier moment ; c’est une brèche étroite dans une ceinture de roseaux, un passage sinueux, avec quelques goulets d’étranglement au-dessus desquels les arbres se referment presque complètement. Des bateaux à droite et à gauche, de temps en temps un autre bateau d’excursion en sens inverse, puis soudain, à gauche, Chanaz accroché jusqu’en haut de la montagne, un lieu d’excursion apparemment très prisé, si l’on en croit la foule de restaurants le long du lac et leurs rangées de tables qui s’avancent jusqu’à la rive. 



Chanaz hors saison



Nous continuons notre route, notre destination d’aujourd’hui est Lavours, de l’autre côté du canal latéral du Rhône, pour lequel nous devons passer une écluse de quatre mètres de hauteur pour arriver à niveau. Les bateaux ici sont apparemment construits sur mesure – l’écluse étroite « leur va comme un gant ».


Sur l’autre rive, la cuivrerie annoncée nous attend. Son propriétaire s’est tourné vers le tourisme après la disparition des activités. On nous « gare » sur plusieurs rangées de chaises et le Maître des lieux commence un long éloge sur les anciennes corporations, sur son maître et sur les compagnons itinérants dont il n’y aurait plus que fort peu. 



Pied de bougeoir "top chrono"


Mais devant nos yeux, il démontre qu’il fait encore partie de ceux qui connaissent leur métier et en un rien de temps, il tourne le pied d'un beau bougeoir à partir d'une simple plaque de cuivre. Le reste du discours sert de transition au but à peine dissimulé, qui est de nous vendre le plus possible des objets proposés dans l’exposition d’à côté, mais qui sont manifestement de provenances diverses. Pourquoi pas ? Chacun est libre d’acheter ou pas.



Demain, notre chemin passera par là - jusqu'au sommet


Le retour, qui dure une bonne heure, se déroule sans nouveau point fort, à gauche la chaîne de montagnes au nord d’Aix, que nous parcourrons demain sur toute sa longueur, et à droite le Mont du Chat, qui descend à pic vers le lac. Nous passons devant quelques-uns des pêcheurs déjà évoqués qui retirent leurs filets à l’approche du soir. Dommage seulement que notre bateau soit presque entièrement vitré et que le pont arrière d'à peine cinq mètres de longeur, où nous nous trouvons, profite pleinement des gaz d’échappement du diesel.



Le casino d'Aix et son célèbre plafond

Pour faire l’excursion sur le lac, nous avions dû faire un choix et nous avons donc renoncé à visiter la ville d'Aix-les-Bains. 


L'hôtel Bernascon - détruit par incendie en août 2015
Nous aurons manqué la jolie Promenade, les Thermes et quelques-uns des magnifiques édifices de la Belle Époque, et bien sûr aussi le Casino avec son célèbre plafond. C’est toujours le problème récurrent des randonnées : quand on arrive sur place, on n’a généralement plus qu’une idée en tête : prendre une bonne douche bien chaude. Seule solution : revenir en voiture.


Nous sommes de retour vers 19 heures. Avec déjà l’appétit au ventre : sans doute l’air du lac. Après avoir cherché un peu, nous trouvons un petit restaurant qui propose autre chose que des kebabs ou des pizzas et nous optons pour le plat de la saison : des Moules marinières, suivies d’une coupe glacée Belle Hélène. Dix heures et demie, dehors il bruine. Journal de route et au lit.


Ci-contre : l’Arc de triomphe d'Aix "allégé"




Mercredi, 23 septembre 2015 – temps gris, plus tard pluie
Aix – Chindrieux (Groisin nord), 17 km (+ 4), dénivelé + 985 m / - 910 m, 5 heures.
Petit-déjeuner à 8 heures, départ. Rainer, depuis toujours grand adepte du do-it-yourself et rénovateur de "rustici" italiens abandonnées, a quelques petites choses à redire sur sa chambre, entre autres un robinet qui fait couler plus d’eau sur les bords que dans le lavabo et un rouleau de papier toilette que l’on doit piocher par dessus l'épaule. Mais c’est un plaisir ensuite de voir le nouvel hôtelier, qui était encore représentant il y a quatre ans, atteindre le sommet de sa forme pour défendre son affaire. Pour finir, nous devons bien reconnaître que, vu le rapport qualité-prix de son établissement, il est normal qu’il ait renoncé aux robinets en or lors de la rénovation de cet hôtel du XIXe siècle et qu’il se soit rabattu sur la marchandise standard de Casto. Celle-ci étant encore suffisamment chère pour son budget. Ce n’est pas tous les jours qu’on trouve un logement à 60 € la nuit + petit-déjeuner 8 €.

Notre véritable randonnée commence à environ 2 km de l’hôtel, au rond-point du Pont rouge, au pied de la chaîne montagneuse, à l’est du lac. Le prochain bus n’arrivant que dans quarante minutes, nous décidons de faire aussi ce trajet à pied. 

À côté d’un marché croisé en chemin, une boulangerie nous prépare en quelques minutes nos sandwiches pour le pique-nique et nous reprenons la route. Arrivés au Pont rouge, la première catastrophe s’annonce déjà : nous n’arrivons pas à nous y retrouver avec la description du chemin fournie par PEDESTRIA et pendant près d’une heure, nous tournons en rond sur les versants de la Forêt de Corsuet pour trouver le bon chemin. Les chemins sinueux de cette zone d’excursion n’en finissent pas de se recouper. Enfin, nous trouvons le poteau indicateur vers Brison-Saint-Innocent et nous pouvons allonger le pas.


De là, le chemin monte, mais maintenant sous les ombrages de la forêt, alors que jusqu’ici, nous n'avions que de l'asphalte sous les pieds. Les randonneurs connaissent la différence, pas besoin de décrire ce plaisir. Malheureusement, l’ombre a aussi ses inconvénients : elle ne laisse que rarement apercevoir le lac et la chaîne de montagnes à l'arrière. 

Au bout d’une heure, il commence à bruiner, puis une pluie persistante s'installe ; pour la première fois depuis nos cinq ans de randonnée, nous devons sortir nos vêtements de pluie du sac-à-dos. Une heure plus tard, nous avons atteint le point le plus élevé de notre circuit du jour et le soleil a retrouvé sa place dans le ciel. Pique-nique au pied d’un versant à pic sur lequel des crochets plantés dans la roche signalent qu’il s’agit d’une voie d’escalade. 





Tout de suite après, nous retombons sur la route en lacets qui mène à droite vers un restaurant et un belvédère sur les hauteurs. La Reine Victoria s’y serait même déjà rendue. On raconte à ce propos que la grande souveraine aurait vu un paysan maltraiter son âne, lui aurait racheté le pauvre animal, qu’elle l’aurait emmené ensuite avec elle vers les hauteurs pour transporter ses affaires. Contentons-nous simplement d’y croire.



 Un coup d’œil jeté par hasard en arrière nous fait découvrir un exemplaire de ces énergumènes sans cesse à la recherche d’un super pic d’adrénaline. Du haut des quelque 50 mètres du rocher d’escalade, il a tendu une corde en biais vers un point très au-dessous de notre position, et maintenant, sécurisé par une corde d’assurage, il essaie de se déplacer debout sur la corde et à reculons ! Avec un écart d’environ 30 degrés de la verticale ! 


 












Ses chutes incessantes, qui le laissent suspendu à sa corde pour la énième fois, donnent au tout l’apparence d’une gageure assez débile. De notre côté, nous préférons garder les pieds sur terre...

Donc, allons-y pour le « Chemin de la Chambotte » ou D991b, goudronné lui aussi, et qui descend presque comme tracé au cordeau sur environ cinq kilomètres en direction de Chindrieux. Une fois encore, ces « cinq kilomètres à pied, ça use, ça use,... » que nous n’aimons pas beaucoup, mais au bout d’une bonne heure, ils sont derrière nous.



De temps en temps, nous avons une petite vue sur le lac, avec tout au bout Châtillon et son château, autrefois centre de la Chautagne, de nos jours déjà
trois fois lieu de tournage de films. Ce que nous ne savons pas, c’est que depuis 2 km déjà, nous avons dépassé une bifurcation qui nous aurait conduits en quelques minutes à La Hautinière, notre toit pour cette nuit. Selon ma carte marquée d’un point bleu, elle devrait se trouver encore à une bonne distance devant nous. Béni soit l’inventeur du téléphone portable ! Madame Chardet est désolée et nous décrit avec abondance de mots l'itinéraire pour rebrousser chemin. Malheureusement, elle fait partie de ces personnes qui, ni au téléphone ni sur place, ne sont capables d’expliquer un chemin – ce qu’elles font pourtant généralement avec moult mouvements de bras. Il faudra la rappeler trois fois avant d’avoir résolu tous les problèmes et d’être enfin accueillis par une dame d’un certain âge, très sympathique. Les 17 km prévus sont donc vite devenus plus de 20 et nous pouvons nous réjouir d’arriver à bon port.

Sur les coteaux qui dominent le lac, Madame a transformé sa maison avec l’aide d’un ami menuisier et en a fait un vrai petit bijou, utilisant les meilleurs matériaux de pierre et de bois et les plus beaux meubles d'antiquaire, sans pour cela renoncer au confort moderne. 

Nous nous y sentons tout de suite bien et encore mieux lorsque le dîner arrive : en guise de bienvenue, un vin blanc des vignobles locaux de la Chautagne, divin, contrairement aux rouges que nous trouverons plus tard sur notre chemin. Tout aussi chers, mais rien à voir avec la réputation des vins blancs de Chautagne. En entrée, Madame nous sert des tranches de lavaret fumé, suivi de quenelles de brochet sauce Nantua avec légumes, un fromage de chèvre doux de Charnaz et pour finir, du fromage blanc au coulis de framboise (je suis obligé de toujours tout dire, certains de mes lecteurs l’exigent :-).
Après le dîner, nous apprenons que Madame Chardet fait de la voile, qu’elle a un voilier pas vraiment petit sur le lac et qu'elle joue au golf. À partir de là, plus rien ne nous arrête dans les échanges de vécu. Pourtant, les kilomètres parcourus sur la chaîne de montagne de 800 m d’altitude commencent finalement à se faire remarquer. Ça suffit pour aujourd’hui.















Jeudi 24 septembre 2015 - Soleil
De Chindrieux à Seyssel – 20 km (+ min. 2) – Dénivelé + 550m / - 605 m, 5 heures.
Petit-déjeuner à 8 heures, comme toujours – on ne sait jamais ce que la journée vous réserve. Ici encore, Madame s’est surpassée. L’offre de petits pains, croissants et confitures, de jambon et autres délices suffit pour subvenir à notre pique-nique d’aujourd’hui. Petite série de photos autour de la maison et déjà nous sommes sur le chemin en direction de Genève.
Dès la mairie de Chindrieux, la description de l’itinéraire est si incompréhensible que nous ratons le chemin vers Lachat, qui n’est pas un GR. En plus, sur le trajet le long de la Montagne du Gros Foug, il existe deux endroits de ce même nom, ce qui n’a pas été signalé. Nous nous retrouvons donc bientôt sur la route de Praz, d’où on peut tout de même, selon la carte, revenir en direction de Chevigneux. Ce chemin se révèle bientôt un méchant piège, car après un début correct, il se perd dans une prairie détrempée sans aucune autre trace. Après avoir cherché quelque temps, nous trouvons un passage dans la clôture et nous atterrissons peu après devant quelques arbres abattus par le vent, que je surmonte laborieusement, mais pour constater qu'il n'y a pas d'autre chemin de l’autre côté. Retour au point de départ et maintenant j’essaie d’escalader un versant abrupt trempé, boueux et plein de robiniers épineux. Je ne remarquerai que bien plus tard qu’en grimpant par dessous les arbres abattus, le guide de notre itinéraire s’est arraché de ma poche. 

L'instant où je perds notre guide


En arrivant en haut, nous trouvons un chemin passant par une ferme et nous avons bientôt rejoint le chemin qui mène à Lachat II, via Montagnet, en longeant la chaîne du Mont Clergeon. 

À partir d’ici, nous allons être largement dédommagés des tronçons goudronnés par un chemin forestier bien « matelassé » qui nous amène – désormais sans guide, mais au moins avec des cartes IGN surlignées – jusqu’en bas, dans la vallée du Rhône, à Serrières-en-Chautagne.


J’ai toujours tenté de m’imaginer de quelle manière les protestants en fuite à la fin du XVIIe siècle s’étaient frayés un chemin à travers ce territoire hostile pour atteindre la Genève salvatrice, toujours en proie à la peur des Dragons du Roi Soleil et des catholiques habitant ces contrées, avides de la récompense offerte pour leurs têtes mises à prix. À la vue de ces paysages ensoleillés et bucoliques, je n’y parviens pas. Pas plus qu’à imaginer combien de fois dans les années passées des guerres de religion, les hordes de mercenaires voleurs et pilleurs des différents partis ont envahi ce pays et dégradé le pays pour en faire un champ de bataille. Seuls les émigrants qui fuient aujourd’hui les zones de guerre du Proche-Orient et de l’Afrique ont sans doute une idée réaliste de l’enfer que vivent les réfugiés, privés de tout regard pour les beautés du monde à droite et à gauche de leur chemin.
C’est ici donc que commence la Chautagne des vignobles et des champs, alors que avant dans la plaine, c'étaient les plantations de peupliers qui donnent le ton, pour maintenir au sec l’ancienne zone marécageuse. 

À Serrières, nous faisons une pause dans un mini-parc doté de fontaines et de bancs, pour faire un pique-nique entre-temps bien mérité. Le soleil brille tous azimuts et il est assez difficile de se remettre en route pour la prochaine étape. Malgré tout, j’ai l’impression que l’automne, plutôt précoce, ne peut plus se cacher. Sur notre chemin, nous avons déjà rencontré des cyclamens sauvages et des crocus jaunes d'automne, les châtaignes sont déjà presque toutes tombées et partout, les buissons ardents (pyracantha) font vibrer le rouge et le jaune de leurs baies, tandis que Rainer tombe déjà en extase dix mètres avant chaque haie d’éléagnus (Eleagnus ebbingei), subjugué par le parfum de leurs fleurs minuscules. 

Juste après La Chêtraz, plus exactement à Mathy, nous tombons sur le GR 65, un chemin qui présente une particularité : d’ici à Chaumont, il est à la fois le Sentier des Huguenots et le Chemin de Compostelle, comme le montre la coquille apposée sur les poteaux directionnels. 

Un lézard sur le Chemin de Compostelle


 











GR (65)
Chemin de Compostelle
 Venant du sud, le premier mène vers le nord en passant à l’est du Lac du Bourget, l’autre continue de suivre le Rhône via Chanaz pour aller vers le sud, à partir de là, il est en même temps le GR 9. Un randonneur venant à notre rencontre sur le chemin à la coquille nous croit en route dans le mauvais sens ; nous le remercions aimablement, tout en lui faisant savoir que nous sommes des concurrents...
Au bout de trois ou quatre kilomètres de montées et de descentes, nous avons atteint le Rhône qui, à partir d’ici et en direction du sud, s’accompagne d’un canal latéral. Lui-même, affaibli par le canal, se faufile péniblement à travers toute une rangée d’îles. De l’autre côté du fleuve se trouve la barre du Grand Colombier. Jusqu’à cet endroit, le Rhône était navigable du temps des protestants en fuite. De là, ceux qui pouvaient se le permettre, continuaient leur route en diligence jusqu’à Genève. Pourtant, dans des temps bien plus reculés, au temps des Romains de l’Antiquité, la navigation était déjà connue. Le vin, la vaisselle et surtout le sel en provenance du Sud voyageaient sur le Rhône ; en sens inverse circulaient la pierre blanche de Seyssel, très prisée des sculpteurs, des armes et des étoffes venues des pays nordiques. Les transports de sel, jusqu’à vingt « seysselandes », barges lourdement chargées, étaient tirés en convoi sur les chemins de halage latéraux par des équipages composés de soixante à quatre-vingt quadriges de chevaux de trait. Ils remontaient le courant jusqu'en amont où leur chargement était recherché dans des contrées éloignées des mers, surtout pour la tannerie. Seyssel était le terminus. Avec ses entrepôts et un réseau bien développé de routes et de chemins, Seyssel était le centre de transbordement du fleuve sur voie de terre.

Seyssel (coté Savoie) er l'hôtel Beauséjour

Le pont entre les deux communes de Seyssel

Nous sommes sur place avant quatre heures, trop tôt pour arriver à l’hôtel. Nous en profitons pour faire un petit tour, en passant devant le beau pont suspendu, qui unit les deux communes de Seyssel (Ain) et de Seyssel (Haute-Savoie) et qui a depuis longtemps remplacé une succession de ponts en bois, régulièrement emportés par le fleuve. Autrefois, après chaque crue, un bac à traille non sans risque était mis en place pour assurer la traversée du fleuve jusqu’à ce qu’un nouveau pont ait été construit. En haut, sur la place centrale, un apéro nous rafraîchit les esprits, puis arrive 17 heures et le seul hôtel du lieu, le Beauséjour, est ouvert. 

Accueil « sobre », deux clés changent de propriétaire, et nous sommes renvoyés à nos chambres. Quelle différence avec hier ! Nous nous installons et quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons au solarium, sur le toit du restaurant, dont le mur descend à pic dans les eaux du Rhône et dont la terrasse d’en bas s’avance largement au-dessus du fleuve. Là haut, les transats sont encore là et en attendant le dîner, nous passons le temps à lire.

Notre première impression de l’hôtel est bien vite compensée en bas au
restaurant par la serveuse noire qui semble avoir l’apanage de tout le bonheur de la terre. Une suite de joyeuses plaisanteries s’engage et elle sait aussi tout de suite ce qu’il nous faut : une assiette savoyarde en entrée, en plat principal du colin aux légumes avec du riz sauvage, puis à la place du fromage traditionnel, du fromage blanc au coulis de fruit et enfin une part de tarte aux pommes. Le Chautagne rouge qui accompagne le repas ne donne pas très envie d'en reprendre. Mais une chose est certaine : nous allons mal finir si nous continuons à nous gaver comme ça.
Nous repassons un peu la journée en revue, puis lecture et journal de route. Bonne nuit.

Vendredi 25 septembre 2015 - Soleil
De Seyssel à Chaumont – 21 km (+2) – Dénivelé + 915 m / - 520 m, 6 heures
À huit heures et demie nous sommes déjà en route. Et comme nous continuons gaiement à « papoter », nous ratons encore une fois une bifurcation et sommes contraints de faire un détour pour revenir à la variante du GR 65. Nous nous éloignons maintenant du Rhône. La montée se fait dure et à partir de maintenant, ce sera une alternance continue de montées et de descentes à travers un paysage champêtre de collines avec des petits villages et des hameaux où pas un chat ne se montre, ou du moins rarement. 



 Sans parler des possibilités de shopping inexistantes pour le randonneur ! En revanche, nous rencontrons de plus en plus de noyers locaux qui bordent partout les routes. Peu de temps après, les poches de nos vestes sont gonflées jusqu'à éclater, mais notre dos et nos genoux déjà un peu maltraités nous empêchent de continuer la collecte. 

Problème: Comment faire pour se relever

Vers midi, nous arrivons à Frangy, au bord du fleuve Usses, qui a profondément creusé son lit dans le plateau environnant. Ici, il règne une vie animée et nous n’avons pas à chercher longtemps pour trouver au bout du village un café où nous commandons les boissons qui manquaient à notre pique-nique – surtout du thé pour moi. Mais nous aurions mieux fait de ne pas toucher au vin rouge du coin...
La maison donne l’impression de ne plus attendre aucun client pour cette année. Seules deux tables avec leurs chaises encadrent l’entrée et quelques lampes fatiguées signalent que l’objet de notre désir est en tout cas ouvert. Nous tirons une des tables au soleil, mais les boissons commandées nous sont remises au comptoir - pas de service. Pourtant, c’est un endroit plutôt joli...
 
Via Collonges, nous continuons notre périple et au bout de 3 km, nous apercevons déjà les ruines du château de Chaumont. Une raison suffisante pour faire une halte au bord du chemin. Malgré cela, nous sommes dès trois heures à Chaumont, dont on a vite fait le tour. Rien de bien excitant, quelques jolis motifs à photographier. L’unique café-restaurant est bien ouvert les trois derniers jours de la semaine, mais pas avant le soir. Notre prochain hébergement, chambres d’hôtes La Barotte, se trouvant à mille cinq cents mètres d’ici environ, au pied de la montagne du Vuache, nous nous remettons donc en route.

Malheureusement, encore une fois, pas de poteaux indicateurs visibles, si bien qu’à défaut, nous suivons les petits panneaux indiquant des refuges. Une erreur que nous remarquerons 1 kilomètre plus loin et bien plus haut, lorsque nous téléphonerons tout de même et devrons rebrousser chemin vers le hameau. On aurait omis d’installer un panneau au carrefour de la localité, nous n’avions pas non plus d’adresse précise et de toute façon, les propriétaires voulaient laisser tomber les chambres d’hôte parce que trop de travail.

La Barotte- aujourd'hui

La Barotte - autrefois (sans flash ;)
La Barotte est une ancienne grosse ferme en pierres naturelles, qui a été achetée et entièrement restaurée voici trente ans par un Franco-Suisse et son épouse anglaise. Si l’on en juge par l’état actuel de la bâtisse, ils ont dû y mettre des années. Matériaux d’exception, utilisés à bon escient et, comme à Chindrieux, un intérieur très réussi, associant vieux meubles et confort moderne. Un clic sur le site donne une petite impression de ce bel ensemble. On peut seulement regretter que le couple Cornu ait décidé d’abandonner l’activité de chambres d’hôtes.





Nous nous installons dans nos chambres et passons le reste de l’après-midi sur des transats dans le jardin bien entretenu, sans oublier une petite partie de ballon avec le labrador de la maison, qui s'en montre enchanté. Le dîner qui suit est lui aussi à la hauteur de l’impression d’ensemble : on nous prie de passer dans l’immense cuisine à vivre où domine un énorme piano de cuisson français, flanqué d’une autre cuisinière « normale ». 



Pour commencer, Madame nous sert une soupe potiron-pommes de terre, qui demande impérativement un petit « rab ». Le summum : à côté des cuillères ordinaires, Madame a également posé des cuillères anglaises pour les curieux qui aimeraient essayer ces cuillères plutôt énormes, à utiliser en travers de la bouche.  C’est faisable...
En plat principal, elle nous apporte un ragoût d'agneau aux légumes, puis un fromage Mont d’Or, et pour finir un crumble aux raisins, abondamment garni de fruits alcoolisés. Après le vin blanc Chautagne bu en apéritif, le repas est accompagné d’un Bergerac rouge – Monsieur connaît bien la qualité des vins rouges de Chautagne.
Après avoir échangé sur nos vies réciproques, nous ne tardons pas à tomber dans les bras de Morphée. Mais pas sans avoir un peu écrit encore dans le journal de route.
Il reste encore une jolie petite histoire à raconter sur le Vuache, que j’avais déjà traduite pour le site Internet du Sentier des Huguenots :

« Cette histoire, dans ma jeunesse, je l'ai entendu raconter à ma mère:

Il existe au plus haut sommet de la montagne du Vuache un oratoire ou chapelle avec statue dédiée à sainte Victoire (en patois sainta Vaitire).

Or une année de très grande sécheresse et par un beau dimanche d'août, alors que le soleil toujours plus brûlant achevait de dessécher le peu de verdure qui restait dans les
campagnes, le curé de Vulbens-au-Vuache ordonna à tous ses paroissiens de se rendre en procession solennelle à la chapelle de Sainte-Victoire pour demander la pluie. A l'heure indiquée, la procession sort de l'église avec bannières, crucifix, dais, «saint-sacrement, sans compter la confrérie des pénitents blancs dans leurs longues robes, jeunes filles avec voiles blancs, au son des cloches et en chantant les litanies par le chemin-conduisant à la montagne.

Pendant la station autour de la chapelle, un nuage gros comme la paume de la main se forme du côté de la Chautagne, puis grossit, grandit à couvrir bientôt la moitié de l'horizon. Voyant qu'il allait être exhaussé, le curé fait reformer le cortège pour rentrer en bon ordre à l'église paroissiale. Mais, à peine la procession avait-elle commencé à descendre la montagne, que, précédée de larges gouttes de pluie, une grêle épouvantable s'abattit sur la contrée.

Ce fut alors un sauve-qui-peut, une déroute indescriptible. Le curé levant au ciel ses mains meurtries par les grêlons, s'écriait : Trè z'in trè sainta Vaitire, tapi on pou sus los eiguenots.. on pou sus los eiguenots. (C'en est trop, Sainte Victoire, tapez un peu sur les huguenots... un peu sur les huguenots). Il ne paraît pas que ce voeu charitable du bon prêtro fut entendu ; lès huguenots,cette fois, furent épargnés.»

Source : Courrier des lecteurs Le Patriote savoisien
Gravure: http://www.introibo.fr/25-04-Litanies-Majeures


Samedi 26 septembre 2015 - Soleil
De Chaumont à Genève - environ 11 km. Randonnée jusqu’à Valleiry.- Dénivelé + 300 m / - 615 m 
Ruines du château de Chaumont
Aujourd’hui encore, nous sommes « en piste » à huit heures et demie. Retour d’abord à Chaumont, puis nous contournons les contreforts du Vuache et suivons le très agréable circuit pédestre aux pieds de la montagne en direction du nord vers Savigny, puis de Murcier. Là, nous nous offrons encore une fois une de nos gaffes habituelles et au lieu d’aller en direction de Jurens, nous nous retrouvons dans le territoire pratiquement dépourvu de sentiers entre Murcier, Dingy et Bloux. Après quelques vaines tentatives d’en sortir, un chasseur nous montre finalement le chemin, mais, soucieux qu’il est de retrouver son chien échappé, il ne nous explique pas la suite... 

Après encore quelques erreurs, nous atterrissons tout de même à Bloux et de là, nous pouvons trouver le passage par dessus l’Autoroute blanche. Après un petit crochet qui nous amène au monument dressé en hommage aux résistants tués par les Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale, nous atteignons les contreforts de Valleiry. Ici, nous avons deux solutions au choix : soit continuer sur le « vrai » sentier des Huguenots vers Chancy et de là, traverser des banlieues sans fin avant d’atteindre Genève, soit finir la randonnée ici et maintenant, et continuer par le train ou le bus vers Saint-Julien-en-Genevois où nous attend notre hôtel du jour. 
Nous optons pour la 2e solution et un peu plus tard, nous la regrettons déjà. Comme nous le constatons bientôt, les liaisons ferroviaires et les bus cités plus haut existent bien, mais il faudrait attendre au moins quatre heures avant de voir apparaître l'un ou l'autre. Nous sommes samedi. Dans l’espoir de trouver encore quelqu’un qui pourrait avoir une idée pour continuer notre circuit sans faire une marche à pied de 12 kilomètres sur une route départementale très fréquentée et sans piste latérale, nous abordons un automobiliste en train de jeter ses ordures sur un parking (mais comme il faut, dans une benne ! :).

Et celui-ci a une idée très convaincante : « Pourquoi ne venez-vous pas tout simplement avec moi ? J’y vais directement. » C’est plus que convaincant ! Compte tenu de l’itinéraire qui suivra, nous serons saisis d'une légère horreur en imaginant une marche à pied ici. Les chances d’en ressortir sains et saufs sont faibles. Notre chauffeur, aide-soignant de métier, en fait encore plus : il nous conduit jusque devant la porte de notre hôtel et disparaît sans autres formalités.


L’hôtel Le Soli (2 étoiles), au centre du village, a déjà connu des temps meilleurs. L’équipement doit dater des années soixante-dix du siècle dernier et montre d’indéniables traces d’usure. L’accueil est cependant aimable, la propriétaire se montre très intéressée par le Sentier des Huguenots, dont elle compte de temps en temps les randonneurs parmi ses clients, mais dont elle ne sait pratiquement rien, contrairement au Chemin de Compostelle. J’ai remédié depuis à ce manque d’informations.
Nous déposons brièvement nos sacs à dos (les valises sont déjà là), nous nous changeons et en route vers Genève, but final de notre randonnée cette année. Le bus met une bonne demi-heure pour nous déposer au centre, sur la Place de Bel Air, et nous nous dirigeons aussitôt vers la vieille ville. 

Vieille ville de Genève

Entre-temps, il est 14 heures, et l’estomac commence à se rebeller. Un petit restaurant, mi-bavarois mi-italien, y porte remède et nous permet ensuite d’attaquer les escaliers bien raides qui grimpent vers le centre de la vieille cité, où la cathédrale Saint-Pierre (protestante depuis 1536 et à l’intérieur d’une sobriété stricte, fidèle à l'idéologie de Calvin) nous attend, tout comme le Collège Calvin et bien d'autres bâtiments historiques de son époque. Malheureusement, les quelques heures de notre visite ne suffiront pas pour nous pencher de plus près sur le site de fouilles archéologiques accessible sous l’église. Espérons qu’une autre visite sera possible.

Portail de la cathédrale de Saint-Pierre

Saint-Pierre et la chapelle des Macchabées

Collège Calvin


C’est grâce à la Réforme protestante engagée à Genève par Jean Calvin que la France en vint à s’attaquer aux irrégularités qui régnaient à l’époque au sein de l’Église catholique et que, plus tard, les Huguenots et les Vaudois fuyant les sbires de Louis XIV furent reçus et escortés vers l’Allemagne lointaine, où on les accueillit à bras ouverts. Pourtant, quand on en lit un peu plus sur lui, on est étonné d’apprendre avec quelle sévérité impitoyable il poursuivait toute personne d'une autre croyance et que, sous son autorité, on assista même à des procès pour sorcellerie et autres condamnations au bûcher. Il faut dire qu’il était l’enfant d’une époque encore complètement ignorante de nos points de vue actuels. 



Tout autour de nous, la rue grouille de touristes et on n’entend que rarement parler français. Une constatation qui se fait encore plus forte lorsque nous redescendons vers le lac et que nous y plongeons dans la foule de badauds. Une vraie ville internationale. 

 

Nous traversons le parc près du lac, marchons le long de la rive vers le port pour satisfaire la passion de Rainer pour la voile ou voir la célèbre fontaine en action. Et c’est là que sans crier gare, un petit garçon saute d’un escalier et atterrit directement devant moi, qui lui tombe alors par-dessus. Le cher petit se met à pleurer ; sa victime, qui reste d’abord allongée là, se demande ce qui pourrait bien être cassé (mais ce sera seulement un froissement de tendon au niveau des côtes), puis arrive le père qui mangeait sa glace à dix mètres de là, tandis que Madame, toujours impassible, consulte ses SMS. Très cool, il ramasse son fils et retourne à sa table en évitant tout regard. Que le diable... mais passons.




Comme je l’ai déjà dit, il est assez vain de vouloir visiter Genève en un seul après-midi, de surcroît s’il est déjà entamé. Nous nous accordons donc seulement une petite pause café, puis prenons le bus de retour vers Saint-Julien. En fait, on devrait prévoir un jour de repos après chaque journée de randonnée pour pouvoir se consacrer de plus près aux réalités locales. C’est ce qui fait qu’on en reste souvent au savoir livresque. Sur le chemin du bus vers l’hôtel, nous rencontrons une Libanaise avec ses trois enfants qui, sans langue de bois, nous raconte ses errances à travers différents pays et dit se sentir au moins en sécurité ici. L’exil est partout – seulement plus ou moins supportable.

La Diligence Saint-Julien-en-Genevois

Pedestria a réservé notre dîner à La Diligence, non loin de l’hôtel. Un restaurant très fréquenté aux airs d’auberge campagnarde, avec des serveurs empressés et un propriétaire très dynamique, qui passe plusieurs fois près des tables et que manifestement, tout le monde connaît. « Ma chérie » par-ci, « mon pote » par-là ; il n’a sans doute pas de souci à se faire pour son avenir. Le dîner est moins impressionnant : une volaille quelconque en sauce, mais nos cellules grises sont déjà trop exténuées pour enregistrer encore une impression durable.

Après cette journée vraiment bien remplie, nous ne tardons pas à nous souhaiter bonne nuit.

Dimanche 27 septembre 2015 – Soleil, quoi d’autre ?
Retour à Zurich et à Montélimar
Que peut-on bien écrire sur son retour à la maison ? Je vois encore Rainer traînant sa valise disparaître en direction du bus. Je monte et descends moult marches, parce que notre hôtesse, qui voulait absolument m'emmener à la gare, a dû constater ensuite qu'elle ne pouvait retrouver sa voiture ni devant ni derrière l'hôtel. Je suis donc parti avec armes et bagages pour la gare (500 mètres à peine) et voilà que je me retrouve devant des portes fermées. Elles restent même fermées (on est dimanche – voir ci-dessus) et pour la première fois de ma vie, je vais devoir me battre avec un distributeur automatique de billets de train. Heureusement, je suis le seul pour le moment à vouloir prendre le train et donc, j’arrive finalement à trouver comment on obtient toutes les correspondances avec un seul bouton + OK. Pour une fois, je me passerai de dire « tout était mieux avant »...
En vingt minutes, le TER me conduit à Bellegarde sur le Rhône où la correspondance m’attend déjà. Une heure et demie plus tard, je suis à Lyon Part-Dieu et j’ai maintenant une heure pour contempler la gare futuriste de cette ville. Une foule effervescente se pousse à droite et à gauche, des voyageurs sont plantés comme enracinés devant les énormes panneaux d’arrivée et de départ, d’autres cherchent le prochain snack, le kiosque à journaux ou l’une des innombrables autres boutiques de la gare, tout tourbillonne en désordre et sans discontinuer. Sans doute pas simple pour les voyageurs en transit qui ont un temps de transition limité, ou pour les étrangers qui doivent s'y retrouver dans ce pêle-mêle indescriptible. Devant les deux entrées, des soldats armés de mitraillettes montent la garde. Les temps modernes : action Vigipirate du gouvernement français.
Mon train arrive. Encore une heure et demie plus tard, la meilleure de toutes les femmes m'accueille d’un air radieux sur le quai de la gare de Montélimar – je rayonne volontiers en retour...

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Ce fut donc notre dernière randonnée sur le Sentier des Huguenots et des Vaudois. Quiconque connaît les prix pratiqués à Genève et qui même par ailleurs, ne serait pas pour la première fois en Suisse, pourra facilement s’imaginer ce que les randonnées suivantes jusqu'à Schaffhausen coûteraient en recourant, ici aussi, à un tour-opérateur et à des hébergements payants. Sans amis sur place pour passer la nuit, il faudrait facilement compter avec le double de frais à débourser. J’ai donc décidé unilatéralement et de mon propre chef de ne pas continuer ce sentier intéressant et d’attendre pour voir comment vont se développer les prolongements du Sentier prévus vers le sud, via le chemin de Stevenson dans les Cévennes ou les chemins de raccordement vers Mérindol dans le Vaucluse (le pays des Vaudois). Je ne sais pas encore comment mon ami Rainer avalera cette pilule... attendons. Nous avons encore un an pour y réfléchir...


Chemin des Huguenots
Tronçon de l’itinéraire entre le Lac du Bourget et le Lac Léman

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